Retour en arrière..

•°• Nuit 2. •°•

La première chose que pensa µ, en arrivant au DreamLand, c’était à la nuit précédente. Nuit qui avait commencé plutôt... tôt... le matin, et avait fini dans l’après-midi.
Elle s’était couchée en début de soirée, en pleine forme, mais déterminée à retrouver un cycle du sommeil plus normal pour la semaine à venir. Et pourtant, elle était, enfin, en vacances ! Mais, au fond d’elle-même, elle qui auparavant était insomniaque, avait pris gout au DreamLand et ne pensait qu’à dormir pour enfin y retourner.

Comme au début de chacun de ses rêves, le vide, le noir, étant omniprésent..
Et le point, blanc, lumineux, au fond.

« Mais jusqu’à quand ça va commencer comme ça ?! »

Jusqu’à la fin.. Le point lumineux se rapprochait, et elle lui trouva une lueur jaunâtre, voir un peu orangée.
Quoi ? Est-ce une blague ? Pourquoi toujours la même chose ?
Elle se mit, encore une fois, à courir vers l’objet de son attention. Le temps lui semblait si long...Depuis combien de temps courait-elle ? Au moins des jours ! Ne se réveillait-elle pas ? Elle se sentit tomber. Un trou ? Comment se repérer dans l’espace quand tout est noir autour de vous ? Le point ! Elle était belle et bien tombée, mais tout était étrange ici, elle tombait vers le haut..
Le point ! Il se rapprochait ! Quand il fut à portée de main, elle se tînt à l’évidence : C’était une boite en carton. Marquée par une étiquette rouge : Souvenirs...
Mal fermée et sans ruban adhésif, la première chose que fit la jeune fille : Elle l’ouvrit.

Se penchant au dessus pour regarder dedans, elle fut aspirée.

Une voix retentit..une voix grave :

« Bienvenue dans.. votre passé… c’était il y a 11 ans… »

. : Première Nuit : .

Rodriguez courrait comme il n'avait jamais courru. Deux représentants de la Loi le poursuivaient en effet. En même temps, cela lui apprendrait à voler le sac d'une femme âgée. Car même avec son école, qui lui déversait un salaire plutôt plaisant pour un étudiant, Rogue n'avait pas assez de billets pour calmer sa faim tous les jours. Après tout il avait quitté le foyer familial, et à présent le monde entier était devenu sa demeure. Sans oublier que cela faisait presque quatre années qu'il côtoyait Dreamland. Dans le sac à main il avait trouvé à peine une vingtaine d'Euros. Est-ce que cette folle course poursuite valait le coup pour cette somme ? Ou peut-être devait-il se rendre maintenant. Son doute était encore un exemple de sa naïveté. S'il se rendait, il ne fallait pas espérer un traitement de faveur, il serait peut-être mis en garde à vue, puisqu'il n'avait ni pièce d'identité et qu'en plus il n'avait pas de maison fixe. Il prit les vingts euros et jeta le sac derrière lui, ne voulant pas dérober les papiers plus importants de la dame, il lui avait fait déjà assez de tort comme cela. Il vit vaguement un des policiers se saisir du sac et aller le ramener à la vieille femme. Il n'en restait donc plus qu'un aux talons du jeune Espagnol. Rogue n'appréciait guère la violence – à part dans Dreamland, et donc il ne voulait pas se débarrasser du dernier représentant de la Loi en se battant. Rogue traversa la route alors que le feu était toujours vert pour les voitures, et manqua de se faire écraser à plusieurs reprises, évitant de justesse les automobiles dont les roues faisaient le bruit habituel quand elles freinent subitement.

Le Policier hésitait au début à s'engager lui aussi sur la route, il avait sûrement une famille et ne voulait pas risquer sa peau pour un banal voleur de sac. Finalement il se décida, bien prêt à arrêter Rodriguez. Mais ce dernier ne se laisserait pas attraper aussi facilement. Il arriva devant un grand hôtel et y pénétra sans attendre, ce qui n'était pas une très bonne chose à faire puisque qui dit hôtel quatre étoiles, dit sécurité. Et effectivement celui qui était chargé d'accueillir les clients appela immédiatement la sécurité en voyant débouler à toute allure le jeune homme. Rogue monta les étages et ne s'arrêta pas, visant le toit du bâtiment. Le dernier policier plus trois gardiens de l'hôtel poursuivaient maintenant le garçon. Et celui-ci commençait à s'épuiser. Après de courtes, mais épuisantes minutes de course, à monter les marches quatre par quatre, Rodriguez arriva enfin devant une porte qu'il poussa violemment. Il était arrivé au sommet de l'hôtel. S'il était sur Dreamland il aurait ensuite invoquer un de ses oiseaux pour s'envoler et laisser ainsi bouche-bée ses poursuivants, mais ce n'était pas le cas. Il n'avait pas beaucoup de solutions. Soit il se rendait, soit il se battait, soit il... sautait. Il n'avait pas franchement envie d'aller en prison, alors que son casier judiciaire était encore vide. Mais se battre ne lui enchantait pas non plus, sans compter qu'il n'excellait pas dans l'art du combat dans le monde réel. Et un contre quatre, et quatre armés en plus, ce n'était pas jouable. Pendant qu'il réfléchissait, ses poursuivants étaient déjà arrivés et se tenaient face à lui, l'ordonnant de s'arrêter. Rogue répondit alors :

« Voilà ce qu'on va faire... Moi j'y vais, et vous, vous m'attendez ici. »

D'un geste vif et rapide, Rogue sauta par dessus bord. Mais il était fou ! Qu'est-ce qu'il lui avait pris ? Il ne se sortirait pas indemne de cette chute, et il n'avait aucun plan. Toute sa vie défilait, et il se disait qu'il l'avait gâché. Il ne s'était jamais fait respecter, et il était tyrannique et mauvais envers ceux qui le respectaient. Il arrivait déjà à la moitié de sa chute, et que l'attente du choc était longue. Il savait qu'il ne pouvait plus rien y faire, à part attendre. Finalement il voyait plus bas une dame qui étendait ses draps à sa fenêtre, il se dit que c'était son unique possibilité de s'en sortir. Une seconde de trop et s'en était fini de lui, il se concentra alors et dès qu'il passa en face des draps ils les attrapa. Ces draps étaient solides car ils ne lachèrent pas. (le vieux coup x) ) Rogue se donna quelques minutes pour se remettre de ses émotions, quelques minutes accroché au-dessus du vide, et finalement il remonta, s'aidant du drap. La femme qui avait étendu ses draps cria de frayeur, mais n'appelait pas la police. Rogue regarda la dame de plus près, une fois qu'il fut remonté, et reconnut celle-ci. Cette femme était celle à qui il avait dérobé le sac à main plus tôt dans la journée. La vieille femme qu'il avait volé venait de lui sauver la vie – sans le vouloir bien sûr. Il s'en voulait presque maintenant. Finalement, après l'avoir regardé longuement et lui avoir fait un simple, mais sincère, sourire il fuit. Il redescendit les marches et quitta l'hôtel, cependant les policiers semblaient ne plus être à ses trousses. Finalement le soir vint assez vite, et le dos de Rogue le faisait souffrir, ce qui était sûrement dû là la rudesse de sa chute. Il quitta finalement le monde réel assez vite et devint le Faiseur d'Oiseaux à Dreamland...

Un trou noir l'aspira, un trou noir comme il n'en avait jamais vu auparavant. Il arriva enfin devant une espèce de boîte en carton où un papier portait les inscriptions : « Souvenirs ». Souvenirs ? Souvenirs de qui, de quoi ? S'interrogea le jeune garçon. Tout à coup il fut subitement de nouveau aspiré, mais cette fois-ci dans la boîte qu'il tenait. Le monde dans lequel il se trouvait à présent, il ne l'avait jamais vu auparavant. Il était à la fois plein de tristesse et plein de joie, plein de jolies couleurs et plein d'ombre. A la fois plein de vices et à la fois plein d'innocence. Il vit au loin, une fillette, qui semblait n'avoir pas plus de huit ans.

« C'est quoi ce merdier... » se demanda-t-il.

Elle avait chaud, la petite Juliet, dans sa grosse doudoune rose fuchsia, avec son écharpe blanche toute enroulée autour d’elle et son bonnet vert pâle. Certes, pas très fashion, mais on pardonnait le bout, vu l’âge. L’ensemble était adorable, et les yeux, brillants d’envie.
Autour d’elle, un monde magique et blanc, la place du village, avec un manège à l’ancienne, empli de grands chevaux de bois, qui tournent, tournent, sans arrêt, poursuivant incessamment leur galop rond.
Environs huit ans, on était le 22 décembre, à en croire une affiche sur le manège :

« Plus que deux jours avant Noël »

C’était bientôt noël, oui, et tous les enfants autour du manège tenaient par la main un adulte souriant, un parent... Tous...Sauf elle.
Juliet avait les mains dans les poches. Elle semblait seule.
Une heure, deux heures passèrent. Plus un chat, dans la rue. La nuit, noire. Mais la ville était extraordinairement bien éclairée, par les lumières de noël, c’est la magie.
Non, le plus lumineux, c’était le brillant de ses yeux… L’envie…

Le rêve…

Elle n’était jamais allée sur un manège… Jamais… Cela lui donnait envie…

Soudain, une poupée semi-humaine apparut à côté d’elle. Avec une épée. Et avec elle, invisible, l’âme présente de µ. Elle entra dans la fillette, et tout bascula.

« Nyé ? Mais qu’est-ce que je fais devant ce manège ? NYAA MAIS C’EST QUOI CES FRINGUES ?? »

La poupée soupira lentement, puis dit d’une voix posée et parfaitement calme.

« Tu rêves de ton passé... J’avoue qu’à huit ans t’avais pas un grand sens de la mode… »

La petite fille eût l’air totalement effrayée. Le passé ? Quoi ? Rêver de son passé ? Etait-elle au DreamLand ? Où était-ce une autre dimension passée de ce monde des rêves ?
µ ne comprenait plus rien, et comme beaucoup de jeunes filles perdues, se mit à pleurer.

Rogue, après avoir prononcé quelques jurons, regarda de plus près la jeune fille. Il s'approcha tout en douceur, ne voulant pas se faire repérer tout de suite. Enfin plus proche de la jeune fille, et examinant tout ce qui déroulait autour, il ressentit une vague douleur au coeur. Celle-ci, qui semblait ne pas avoir de parents, alors que tous les enfants autour s'amusaient avec leur père et leur mère, rappela à Rodriguez ce qu'avait été son enfance. Lui aussi, il avait été délaissé par sa famille, par ses amis, et même par ses professeurs. En tant normal, il aurait voulu faire du tort à la fille de huit ans, comme il avait toujours voulu faire du tort aux gens dans Dreamland, mais en lui rappelant le passé du jeune Espagnol, celle-ci s'était presque immunisée contre son envie de lui faire du mal. Il faisait froid, cela sentait l'arrivée de Noël à plein nez. Mais où Rodriguez était-il ? Cela ne pouvait pas être le monde réel, puisque là où il se trouvait il ne neigeait pas. Il était donc d'office à Dreamland. Mais habituellement il n'atterrissait pas dans un tel endroit. Et cette étrange boîte, qui l'avait aspiré... Il était certain que cela avait un rapport avec elle. De plus, tous les gens autour de lui n'avait pas l'air d'être des Voyageurs. Bon après tout, il n'y avait qu'un unique moyen de le savoir. Si il avait ses pouvoirs il était à Dreamland, sinon... Sinon il aviserait. Il tendit alors son bras droit devant lui, et dit :

« Castaña, par le contrat qui nous lient toi et moi, je te somme de te montrer... »

Et là où l'aigle royal aurait dû apparaître, il ne se passa... Rien. Absolument rien. Rodriguez était vraiment dans le pétrin, cette fois-ci. Il était bien à Dreamland, mais il n'avait pas ses pouvoirs, il n'était donc pas tout à fait à Dreamland... Ah, c'était à ne plus rien y comprendre. Mais Rogue comptait bien récupérer ses pouvoirs, et il savait que la fillette de huit ans avait un rapport avec ce qui se passait. Depuis quatre ans qu'il venait sur les Terres de Dreamland, il n'avait jamais vu pareil endroit. Ce monde dégageait une aura inhabituelle, que Rogue sentait venir de la petite fille. Il en était maintenant pratiquemment certain, tout cela venait d'elle, mais il ne savait toujours pas pourquoi il avait été embarqué dans cette folle histoire. Cela ne lui plaisait guère, mais il n'avait plus d'autre choix, il fallait qu'il aille voir cet enfant et lui demander de le tirer de là. Ce que cela l'irritait de devoir demander de l'aide à un gamin... Si ceux de Dremland apprenaient cela, s'ils apprenaient que le fameux « tyran » de la Special League côtoyait un enfant de la sorte, il aurait dû mal à se refaire respecter un jour. Il était maintenant à une dizaine de mètres de la petite fille, et il s'avançait doucement, le plus doucement possible. La pâleur du teint de Rodriguez effrayait parfois les gens, et s'il effrayait cette petite, c'était fichu pour retourner à Dreamland – ou du moins au Dreamland qu'il connaissait.

Finalement, juste au moment où Rogue allait tendre le bras pour tâter l'épaule de la fillette, une espèce de poupée qui tenait une épée apparue et la jeune fille sembla changer de personnalité, car si avant la tristesse se dégageait d'elle, à présent c'était la surprise, et même la peur qui prenait le dessus, et elle se mit à crier et à se demander quels vêtements elle avait là. Elle semblait être la même personne, mais tout en ayant des différences... Rodriguez ne comprenait vraiment plus rien, jusqu'à ce que la poupée expliqua à la fille qu'elle rêvait de son passé. Alors des réponses à ses interrogations se firent, la boîte à souvenirs était celle de la gamine. Mais pourquoi avait-il été aspiré par celle-ci, et pourquoi était-il tombé sur cette fameuse boîte ? Dreamland était un Monde bien complexe finalement. A la fois merveilleux et cruel. Tout comme le monde réel, mais sans rien n'avoir avec lui pour autant. En tout cas, certaines choses s'expliquaient. S'il n'avait pas ses pouvoirs, c'est parce qu'il se trouvait dans le passé de cette jeune fille. Et à cette époque, Rogue n'avait certainement toujours pas vaincu sa phobie des oiseaux. Normal, donc, qu'en invoquant Castaña, sa monture ailée, il ne se soit rien passé, et cela l'exaspérait, car à cause de cela il n'aurait pas d'autre choix que de marcher.

Finalement, Rogue s'approcha de la jeune fille, il tendit de nouveau son bras et le posa sur l'épaule de l'enfant, l'incitant doucement à se retourner vers lui. Il plongea son regard gris dans le sien, et remarqua que ses yeux étaient aussi profonds qu'il cachaient une grande tristesse. Il faillit perdre ses moyens, mais il se souvint vite des problèmes dont il avait à faire face. Alors il reprit son assurance habituelle, et demanda :

« Hey, petite, t'es qui toi ? Et qu'est-ce que j'fous là ?... »

Terrorisée par la dimension passée de Dream Land, µ, devenue fillette, sécha ses larmes, laissant place à une peur, une tension. La seule question qu’elle se posait : Comment sortir d’ici.
Elle s’essuyait les yeux quand elle senti une main sur son épaule, elle se retourna brusquement et aperçu un jeune homme, grand, plutôt mince, qui la regardait, profondément, dans les yeux.
Des yeux froids, gris, comme l’acier.

« Hey, petite, t'es qui toi ? Et qu'est-ce que j'fous là?... »

Ne sachant pas quoi répondre, la petite lança un regard désespéré vers sa poupée. Mais elle semblait ne pas se soucier de la fillette, et se regardait dans la lame de son épée, en souriant à son reflet chéri.
Ce fut pourtant elle qui déclara, d’une voix plutôt enjouée, avant d’être coupée par sa maitresse :

« Mmh... µ aka Juliet Stream, elle a 19 ans...Moins 11... Et... Ben, c’est quelqu’un de plutô… »

Mais, la petite s’écria, sa voix résonnant dans toute la place vide, la rendant encore plus silencieuse :

« MAIS Je suis pas petite ! Je suis enfermée dans le corps de... De… DANS MON CORPS, mais quand j’avais huit ans !! Enfin, je suis prisonnière du passé, c’est à cause de la boite, et, et, Oh je suis bien trop curieuse, pourquoi j’ai ouvert cette saleté de boite ? Je suis vraiment nulle ! On est... Bloqués devant un sale manège, et j’en ai marre, et j’en peux plus, je supporte pluuus ça !! En plus maintenant j’attire des gens dans mes conneries !! Oh, j’en ai marre, FED UP, FED UP !! Naaaaaannn ! »

Elle fondit une nouvelle fois en larmes et se précipita sur le jeune homme, l’encerclant de ses petits bras frêles. Elle était faible, et à présent, elle n’était plus qu’une petite fille sans défenses, une fillette de huit ans… Elle tremblait, pleurait, était secouée de sanglots et de frissons. Comme si toute sa joie, toute sa gaieté, avait été aspirée. C’était une nouvelle face de sa personnalité qui faisait surface, le côté sombre et mélancolique de sa personne. Le côté qui ne connaissait que le malheur, la misère, et la solitude.

La neige tombait à flot, et de nombreux flocons s'étaient maintenant doucement et allègrement déposés sur les cheveux de Rodriguez. Ce dernier n'avait jamais vraiment très bien connu la neige, puisqu'il avait toujours vécu dans les pays du Sud, les pays chauds. Même lors de ses voyages en Europe du Nord, il n'y avait pas de neige. La première fois qu'il voyait la neige, c'était donc dans le souvenir de quelqu'un d'autre... Cela lui faisait une impression plutôt étrange, il fallait l'avouer. De plus, la réponse de l'espèce de poupée, qui paraissait narcissique au point de ne pas se soucier du problème et de se regarder dans le reflet de sa lame puis celle de la fillette, firent comprendre à Rogue qu'il était bel et bien dans les souvenirs de celle-ci. Mais cela ne résolvait pas tout, en effet le jeune Espagnol ne savait toujours pas comment sortir d'ici et savait encore au moins pourquoi cette boîte l'avait aspiré, alors qu'il ne l'avait même pas touché, et à peine approché. Enfin, les deux réponses confirmaient ce qu'il avait pensé, il était dans une dimension farfelue de Dreamland où il n'avait pas encore vaincu sa peur et donc où il n'avait pas ses capacités d'invocation. Mais était-ce possible qu'on puisse retourner dans son corps au moment où l'on avait encore que huit ans ? Oh, après tout, c'était Dreamland... Dans ce Monde des Songes tout était possible, tout pouvait surprendre, comme tout pouvait décevoir et rendre heureux. Donc, pour résumer la situation, il était bloqué dans une partie parallèle de Dreamland qui se trouvait être en fait des souvenirs d'une gamine de huit ans... Enfin d'une jeune femme de dix neuf ans, mais se trouvant onze ans en arrière et donc dans le corps qu'elle avait plus d'une décennie plus tôt... Le problème n'était pas des plus simples, et dans ce monde que Rogue ne connaissait pas, il était impuissant. La fillette était l'unique clé pour le sortir de là. Rodriguez n'avait pas remarqué qu'elle s'était approchée de lui et qu'elle l'avait enlacé, fondant en larmes.

Rogue n'avait pas l'habitude de ce genre de ''tendresses'', et ce fut pour cela qu'il ne réagit pas, quelque peu destabilisé par la situation. Il continuait de réfléchir à un quelconque moyen de sortir de cette « boîte » et ce n'était pas si facile. Mais même si Dreamland était un Monde de Songes où tout pouvait arriver, rien n'arrivait par hasard. Si la jeune fille revivait ses moments passés, c'était sûrement pour une raison, et l'arrivée de Rogue également. Il y avait certainement un chemin à tracer à partir de ses souvenirs, mais Rodriguez ne voyait ni ne comprenait toujours pas le rapport qu'il y avait entre cette affaire délicate et lui. Il avait prévu pour cette nuit d'hanter les rêves de certaines personnes faibles, et il se trouvait aspiré dans un souvenir avec lequel il n'avait absolument rien à voir. Mais il y avait sûrement un moyen de sortir, il y avait toujours un moyen. A chaque porte fermée il y avait un fenêtre ouverte, c'était ce que disait sa mère parfois. Mais elle disait aussi de tas de choses sages comme « Si tu as faim, mange. Si tu as faim mais que tu n'as pas de nourriture, laisse ton coeur de se nourrir d'amour. Si tu as soif, bois. Si tu as soif mais que tu n'as pas d'eau, laisse ton coeur se déshydrater d'amitié. Si tu as envie de liberté, évade-toi. Si tu as envie de liberté, mais que tu es enfermé, laisse ton esprit s'évader. » En repensant à ces paroles, Rogue regrettait amèrement que sa mère l'ait délaissé pour les jeux de casino. Il aurait adoré qu'elle lui dise plus de choses, qu'elle lui fasse part de ses pensées, de ses impressions du monde et de ce qui l'entourait. Mais cela n'avait pas été le cas, et Rogue avait un problème à régler. Il dit alors, à la jeune fille :

« Pas la peine de s'affoler... »

On aurait pu croire que Rogue ne pensait pas ce qu'il avait dit, mais si, dans un danger perdre son sang froid et son calme ne servait à rien. Au contraire, il valait mieux conserver un esprit clairvoyant et sensé pour se tirer du problème. Bien sûr, la tâche n'était pas souvent bien simple, mais garder son calme et ne pas s'alarmer étaient des choses pouvant être essentielles pour se tirer d'affaire, et cela Rogue le savait plutôt bien. Rodriguez, bien souvent, s'était demandé ce qu'il aurait fait s'il avait pu retourner dans son passé. Quels changements il aurait essayé d'orchestrer, quels choses aurait-il mieux regarder... Revenir dans le passé devait être un pouvoir bien passionnant, mais dangereux. Mais au fond, ce pouvoir n'intéressait pas tellement le jeune homme, il avait toujours pensé que pour évoluer il ne fallait pas modifier son passé, mais son futur. C'était peut-être cela au fond le vrai pouvoir : avoir la capacité de changer les temps prochains, pensait Rogue. Il se décida finalement à expliquer sa théorie à la jeune fille, en espérant qu'elle soit d'accord avec lui et qu'elle reprenne son sang froid au lieu de continuer à pleurer :

« Si cette boîte nous a aspiré tous les deux jusque dans ton passé, il y a obligatoirement une raison... Peut-être que tu dois découvrir un événement, ou n'importe quoi que tu n'avais jamais remarqué auparavant... Et j'ai l'impression que ta poupée narcissique sait des choses qui pourraient être utiles... »

Il était vrai que cette fameuse poupée n'avait pas perdu son calme une unique fois. Comme si pour elle c'était normal que les deux Voyageurs soient bloqués dans le passé de la fillette. Un frisson prit alors Rogue. Il n'avait décidé pas l'habitude du froid, ni de Noël d'ailleurs. Il n'avait jamais connu cette fête, et s'il savait comment sortir il aurait finalement préféré rester un peu pour voir comment une famille unie fêtait cette réjouissance...

Elle se calma petit a petit, voyant que le jeune homme ne bougeait pas, immobile, surpris peut-être. Après tout, il fallait qu’elle se reprenne, elle avait 19 ans, oh ! C’est fini de tomber dans les bras d’un beau jeune homme sans raison, ce n’était plus de son âge malgré ce …corps où elle se trouvait!
Il dit alors, à la jeune fille :

« Si cette boîte nous a aspiré tous les deux jusque dans ton passé, il y a obligatoirement une raison... Peut-être que tu dois découvrir un événement, ou n'importe quoi que tu n'avais jamais remarqué auparavant... Et j'ai l'impression que ta poupée narcissique sait des choses qui pourraient être utiles... »

Y. ne bougeait pas. Elle avait toujours cet air mystérieux et sadique, comme si elle hésitait à donner une information indispensable... comme si ? Non ! C’était un fait ; elle hésitait à donner cette information indispensable ! Ce n’était pas très gentil…
Suppliant des yeux sa magnifique créature, son jouet vivant, µ cessa se pleurer. Mais la poupée ne semblait pas l’entendre de cet oreille. Après tout, c’était plus amusant de les voir se débrouiller, non ?

« Je m’ennuies.. »

Répondit-elle simplement. Puis, après avoir réfléchit une dizaine de seconde, elle ajouta un indice.

« Vous êtes des deux rares personnes à… ne jamais avoir fêté Noyel. »

µ ouvrit des yeux exhorbités. Elle n’avait jamais fêté noël ? Ah bon ? Elle ne s’en souvenait plus.. Sans doutes.. L’année dernière, qu’avait-elle fait? Ah, oui, elle était à l’hôpital, coma éthylique… Et l’année d’avant ? Elle se souvient avoir distribué des repas de noël aux restaurants du cœur… Peut-être bien qu’en y repensant… Elle n’avait jamais fêté noël...

Naa' Nombre de messages : 4 Age : 30 Date d'inscription : 18/12/2008

La petite Ana venait juste de s'endormir pour partir au pays des rêves, depuis deux semaines déjà, elle s'était aperçue de l'existence de Dreamland, un endroit ou les rêves étaient presque réalitées. Elle s'assoupit rapidement, une longue journée affreusement ennuyeuse venait de passer et elle s'était, encore une fois, bien ennuyée. Aller à Dreamland était plus qu'une distraction, cela comblait le vide d'aventure qui s'était installé en elle pendant ses neuf dernières années.
Ses yeux se fermèrent sur un nouveau monde, la laissant commencer à rêver.

Tout était sombre, s'était étrange, elle ne se rappelait pas de cela dans ses derniers rêves, cette fois-ci, le sol et les murs ne se distinguaient pas. Etait-elle vraiment dans une pièce ou bien était-ce seulement un espace vide, ou tout était immatériel. Elle réfléchit quelques instants, comme elle avait l'habitude de le faire avant de se lancer. Finalement, elle s'avança de quelques pas et remarqua quelques petites portes, à peine haute d'un mètre, d'un noir presque aussi sombre que le reste de l'endroit où elle se trouvait. Elle regarda ses trois sorties qui s'offraient à elle, se demandant laquelle elle devait empreinter. Ana s'avança vers ses portes en bois, en toucha une première du bout des doigts, elle semblait rugueuse, et pas très accueillante. La jeune enfant continua, en tâtant la seconde porte, celle-ci semblait gluante, et sa main commençait à légèrement s'enfoncer dedans. Elle retira rapidement sa main, avant de se faire engloutir complètement et commença à observer la dernière de ses portes. Celle-ci semblait tout à fait normal, plate, douce, elle ne demandait qu'à ce qu'on l'ouvre. Ana ne se fit pas prier, sans prendre garde, elle l'ouvrit, et avança dans le noir, pensant que cette nouvelle pièce serait la même que celle où elle s'était trouvée précédemment. D'un pas sûr, elle passa le seuil et elle se sentit tout à coup aspirer, ce qui la surpris un instant. En effet, elle venait de mettre les pieds dans une sorte de boîte sans s'en rendre compte, et elle tombait dedans. Elle n'eue que très peu le temps de réaliser tout ça, car elle atterrit en quelques secondes, sur la terre ferme, si l'on pouvait le dire ainsi.

Se relevant d'un mouvement brusque, elle frotta ses vêtements, afin de paraître convenable. Même si pour l'instant, personne ne se trouvait dans sa vision, elle se devait d'être présentable dans n'importe quelle situation. Pourquoi ? Simplement parce que sa mère ne cessait jamais de le lui répéter. Ce qui avait d'ailleurs le don de l'énerver. Elle se frotta les yeux, et aperçut tomber du ciel une matière blanche, qui lorsqu'elle arrivait sur sa main devenait de l'eau. C'était bien de la neige, elle aimait bien d'ailleurs. Ana décida de s'aventurer un peu plus loin, histoire de voir ce qui l'attendait au bout de ce petit chemin. Tout était fantasque et surprenant dans Dreamland, et c'est ce qui la distrayait tant.
Marcher semblait ne pas servir à grand-chose, cela faisait bien quelques heures qu'elle essayait de traverser ce chemin et rien ne changeait, les arbres restaient au même endroits, comme s'il le monde avançait en même temps qu'elle.

« Que c'est ennuyant ! Je commence à être fatiguée moi ! Je me demande où est-ce que je suis, c'est étrange ! »

Elle se retourna finalement et découvrit derrière elle, un grand manège, avec des chevaux en bois, comme elle en avait souvent vu et surtout souvent rêver de monter dessus. Elle s'avança pour voir qui se trouvait par la bas et commença remarquer deux silhouettes, collées l'une contre l'autre. Elle se mit à marcher en leur direction, peut être qu'eux, saurait où ils étaient.

* J'espère qu'ils savent où on est parce que cette question me tourmente.*

Elle n'était maintenant qu'à une dizaine de mètres des deux êtres et leur adressa la parole de loin, comme pour vérifier qu'ils n'étaient pas dangereux.

« ... BONJOUR ! POURIEZ VOUS ME DIRE Où NOUS NOUS TROUVONS ? »

Elle avait mit ses mains en porte voie, pour bien se faire entendre.